L'An I de l'accord de paix en Colombie

Main Author: MARTIN, Arnaud
Format: Article
Bahasa: fra
Terbitan: , 2018
Subjects:
Online Access: https://zenodo.org/record/4015317
Daftar Isi:
  • Le 24 novembre 2016 était signé un accord de paix entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie et le gouvernement du président colombien Juan Manuel SANTOS, mettant fin à un conflit qui, en 52 ans, aura fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6 millions et constitué probablement « la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental ». Au-delà de la froideur des chiffres qui ne sauraient à eux seuls traduire les souffrances endurées par la population colombienne, rares étant les familles qui furent épargnées, la Colombie apparaît comme une synthèse de la réalité politique et sociétale latino-américaine du XXe siècle : dérive autoritaire des gouvernements et faiblesse de la démocratie pluraliste qu’un État de droit défaillant ne parvient pas à corriger, insécurité et criminalité alimentées par les fortes inégalités économiques et sociales dans un pays où l’extrême pauvreté de certaines populations côtoie l’opulence de classes privilégiées, guérillas marxistes ou bolivariennes censées libérer le peuple et le sortir de sa misère et ne faisant que fermer les portes du dialogue et ruiner les chances de réussite des politiques de réforme, tel a été le quotidien du peuple colombien durant plus d’un demi-siècle. Autant dire que le processus de paix, engagé en 2012, cristallise les souffrances, les rancœurs, mais aussi les espoirs et les doutes de toute une nation qui, par-delà les clivages politiques, souhaite tourner une page sombre de son histoire. À travers l’histoire de la guérilla des FARC et du processus ayant conduit à la conclusion de l’accord de paix de 2016 transparaît toute la complexité du processus de paix, dont les chances de réussite sont étroitement liées, non seulement, bien évidemment, au désarmement des guérilleros et à la fin de leurs actions violentes, mais aussi à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, principales victimes de la guérilla, et au succès de la lutte contre les réseaux de narcotrafiquants et les groupes paramilitaires qui entretiennent une insécurité propice à un retour de la guérilla.