"Note pour une histoire de la culture lettrée dans le Sud-Ouest des Landes au XVIIIe siècle.", Bulletin de l'association Mémoire en Marensin, 14, 2003, pp. 25-26

Main Author: Frédéric Duhart
Format: Article
Terbitan: , 2003
Subjects:
Online Access: https://zenodo.org/record/2542593
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  • Bien que la situation de l’enseignement primaire y soit moins pitoyable qu’en Grande Lande, bien peu de Landais du sud-ouest maîtrisent l’écrit : J. Beaurredon a calculé que moins du quart des participants de soixante assemblées tenues dans dix-neuf communautés de la région après 1750, étaient capables de signer ; aussi dans un tel contexte, le mobilier de l’écrit reste fort peu diffusé, conserve un prestige indéniable qui s’ajoute à celui de l’objet lui-même, d’une facture toujours soignée, et trouve sa place dans les pièces offertes au regard des visiteurs : c’est dans la salle de sa demeure de Capbreton que Cabarrus a placé son bureau à trois tiroirs . Dans cette campagne où la langue usuelle de la majorité de la population est le gascon, le livre a connu une diffusion limitée mais réelle, quelques ouvrages de dévotion apparaissant chez des laboureurs aisés à la fin du XVIIIe siècle. Chez les notaires et les chirurgiens figurent fréquemment des livres liés à la pratique professionnelle, mais rarement plus d’une demi-douzaine : avec La science parfaite des notaires (1696), l’Ordonnance de 1667, un Stile universel (1701), la Nouvelle théorique et pratique des Notaires et deux autres ouvrages juridiques fort abîmés, J. Rey actif à Tarnos dans la première moitié du siècle est fort bien équipé . Quant aux pratiques de lectures des curés, les trois cent quatre vingt six titres que renferme la bibliothèque de J.-B. Paccareau, ne doivent pas faire illusion : bon nombre de curés ne disposent que bien peu d’ouvrages à l’instar de D. Léger décédé à Soorts en 1772 . Tableaux, estampes et autres manifestations de la culture de l’image ne figurent que dans les demeures cossues ; la spécificité des milieux portuaires apparaît nettement dans ce domaine puisque dans leurs intérieurs, les cartes encadrées, symbole de la culture technique et savante de ce cercle restreint, trouvent toujours un mur où s’accrocher. Sous des formes très différentes, l’élite et le peuple goûtent aux plaisirs de la musique et du jeu : dans le cadre feutré des plus beaux intérieurs, la sociabilité qui s’organise autour de ces deux pratiques culturelles confinent au raffinement comme le suggèrent la harpe, les tables de jeu et les sièges mous du salon de compagnie de la Dame de Montreal ; quant au peuple, c’est en dehors de la maison qu’il s’adonne au jeu et entend la musique, les jours de fêtes, quand des parties de quille sont organisées et que des violoneux se produisent.